Wilfride Piollet, danseuse étoile de l’Opéra de Paris

Wilfride Piollet, danseuse étoile, de l’Opéra de Paris, chorégraphe et pédagogue née  avenue des Roses, à Saint Rambert  d’Albon, le 28 avril 1943, vient de mourir, ce mardi 20 janvier, à Paris, d’une longue maladie.Ses tout premiers mots, ainsi qu’elle se plaisait parfois à le dire ayant été « je veux danser », elle a fait ses premiers pas de danse au cours Irène Popard, avant d'intégrer l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris en 1955.


"Sa liberté d'esprit et sa curiosité faisaient d'elle une des personnalités les plus singulières de l'Opéra", souligne cette institution dans un communiqué publié le jour même de son décès.

                                                                                                                                                                                    Photo : Francette Levieux

Fille de Michel-Wilfrid Piollet et de Luce Sabatier, ses racines étaient solidement ancrées dans notre région : du côté maternel, elle était la petite-fille de Louis Sabatier, concepteur et fabricant des tracteurs du même nom à Saint Rambert d’Albon ; par son père, elle était issue de la famille Piollet : son grand-père n’était autre que le lieutenant-colonel Piollet, qui s’illustra le 9 Octobre 1934 à Marseille lors de l’assassinat du roi Alexandre I° de Yougoslavie, et du ministre français Louis Barthou, et son arrière-grand-père enseigna longtemps à l’école communale, dont il fut le directeur . Mariée à Jean Guizerix, lui aussi danseur étoile, elle a un fils, Rémy.Wilfride n’oubliait pas les villages qui ont vu ses premiers pas, et elle a participé, à plusieurs reprises, à des spectacles, au profit d’actions patrimoniales locales, telles que la restauration du château de Larnage, à Anneyron, (sa grand-mère Victorine Piolleten était une des chevilles ouvrières, tout comme, à sa suite, sa sœur, Anne Valdenaire-Piollet), et de l’église, ainsi Jean Guizerix et elle, ont dansé salle Désiré Valette en 1984. A Saint-Rambert, en 1975,   tous deux ont dansé dans le parc du château, au profit de la restauration de l’église, et en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, et anniversaire de la création de la commune.


Sa carrière a connu plusieurs étapes, et lorsqu’elle a quitté la scène, elle n’a cessé de réfléchir, écrire, enseigner sur cet art qui fut sa vie : après un premier rôle de soliste, confié par Maurice Béjart dans Noces en 1965, elle est nommée danseuse étoile en 1969. A l'Opéra , et dans le monde entier, elle interprète les grands rôles du répertoire classique :Giselle, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Coppélia, etc. ; elle eut, pour partenaire, entre autres Rudolf Noureev .Elle se distingue dans les œuvres néo-classiques de George Balanchine, Jérôme Robbins, Serge Lifar, Roland Petit.
Elle rencontre son époux, Jean Guizerix (qui deviendra une des étoiles favorites de Noureev), au cours de Marguerite Guillaumin et le couple, uni à la scène comme à la ville, a fait preuve de curiosité en s’intéressant à tout ce qui se créait à l’extérieur, comme Carolyn Carlson, Merce Cunningham, etc…


Ensemble, ils ont créé la Compagnie Piollet-Guizerix qui, de 1986 à 2003,s’est attaché à présenter des programmes d’œuvre de petite forme : Gondolages, Giselle échappée,…
Depuis 1977elle a signé ses propres chorégraphies, parmi lesquelles Le Prince de Bois, Huit danses hongroises, Renard, Lettera Amorosa, Dam'Oisel, Momerie... En 1986, elle crée Atys sous la direction de Francine Lancelot. À partir de 1990, elle reconstruit certains grands ballets du répertoire (Coppélia...) et continue la création chorégraphique sous des formes diversifiées (Le petit Atelier, Romance...), avec, en 2005, L'Amour médecin pour la Comédie-Française, et Anonymes, en 2006, pour l'Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny.

De 1989 à 2008, elle enseigne sa méthode ainsi que le répertoire au Paris, et elle a apporté une importante contribution à l’enseignement de la danse, avec  la publication de plusieurs ouvrages, en collaboration avec Jean Guizerix :en 1986 : Parallèle, ouvrage qui témoigne de leur vie d'interprètes ; en 1999 : Rendez-vous sur tes barres flexibles,  et Barres flexibles. Elle réalise également une série de petits livres destinés aux enfants : »Les gestes de Lilou », mis en ligne dès 2008.


Par ailleurs, plusieurs travaux universitaires sont nés de sa conception de la danse : citons, entre autres, la thèse de Nadège Tardieu, en 2006, à l’Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand - Savoirs en construction dans la danse classique de Wilfride Piollet: Anthropologie de la transmission.


Wilfride Piollet présente en France et à l’étranger des conférences et événements autour de la danse parmi lesquels Sur la trace des Dames Blanches (commande de la Cinémathèque française de la Danse). Elle fut également, depuis 2010, et jusqu’à l’année 2014, vice-présidente du Pôle supérieur d'enseignement artistique Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB). De 2009 jusqu'à sa mort, elle travaille très régulièrement avec le conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg (spectacles, conférences, pédagogie).


L’ensemble de son œuvre, et son rayonnement à l’étranger lui valurent, en 1989, le grade de Commandeur dans l'Ordre national du Mérite, et, depuis 2008, elle était membre du Conseil de l'Ordre National du Mérite.
C’est une grande dame, dont notre région gardera le souvenir.